Rencontre avec Quentin Grison, vigneron coopérateur de Saint-Julien
- Cave Saint André
- 9 juin
- 4 min de lecture
À seulement quelques kilomètres des Gorges du Verdon, Quentin Grison perpétue une tradition viticole familiale à Saint-Julien le Montagnier. Il incarne la quatrième génération à travailler sur l’exploitation, transmise de père en fils depuis son arrière-grand-père. Aujourd’hui, il cultive avec sa mère 17 hectares de vignes en IGP Coteaux du Verdon, sur un terroir qu’il connaît par cœur et qu’il s’attache à valoriser au quotidien. Il nous tenait à cœur de partager ce témoignage de coopérateur, acteur essentiel au sein de notre coopérative, la Cave Saint André.
Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?
Je suis vice-président de la Cave Saint André, avec notamment des responsabilités liées au caveau de Saint-Julien. Je participe également à une ou deux prestations chaque année, comme la vigne estivale à Vinon-sur-Verdon ou la présentation du millésime de la cave, qui se fera le jeudi 10 juillet, cette année.
Côté formation, j’ai obtenu un Bac Pro Vigne et Vin. Ensuite, j’ai entamé un BTS, que je n’ai malheureusement pas validé.
Peux-tu nous raconter comment s’est passée la reprise de l’exploitation familiale ?
J’ai toujours su que je voulais faire ce métier. Travailler un jour avec mon père sur l’exploitation, c’était une évidence.
Après le BTS, j’ai eu envie de prendre un peu de recul et de partir découvrir autre chose. En 2015, je suis parti en Nouvelle-Zélande avec un ami, en Working Holiday Visa. On cherchait du travail, et on a finalement trouvé un poste dans un domaine viticole de 300 hectares, sur l’île du Sud.
Je pensais prolonger l’expérience, demander une extension de visa, puis voyager en Australie… mais pendant ce séjour, j’ai appris que mon père était malade et qu’il ne se sentait pas de faire les vendanges cette année-là.
J’ai donc décidé de rentrer en juillet 2016 pour être là et il est malheureusement décédé en décembre de la même année.
Qu’est-ce que cela représente pour toi de poursuivre le travail de ton père sur ces terres ?
Depuis tout petit, c’est ce que je voulais faire : conduire le tracteur, travailler les vignes, être dehors…
Au collège, en fin de troisième, j’étais un peu à la traîne. J’ai passé le brevet, que j’ai eu, mais ma mère me poussait à m’inscrire en formation, elle avait peur que je ne sois pas forcément accepté. Finalement, j’ai été pris.
Une fois lancé, tout a changé : en seconde, puis en première, j’étais premier de la classe. Je me suis régalé, c’était vraiment des années passionnantes parce que je faisais enfin ce qui me plaisait.
Et quand mes anciens profs ont appris que j’étais allé jusqu’au BTS, ils étaient contents pour moi. J’avais trouvé ma voie.
À quand remonte le début de la coopération avec la Cave Saint André ?
Ça remonte à longtemps, à tel point que je n’en ai pas de souvenir précis. Je dirais que ça fait une vingtaine d’années que la cave de Saint-Julien a fusionné avec celle de Seillons.
À l’époque, c’était une période compliquée. Il n’y avait que de petites exploitations, souvent vieillissantes, avec peu de repreneurs. La qualité n’était pas toujours au rendez-vous.
Avant ça, Saint-Julien comptait énormément d’apporteurs. C’était l’une des plus vieilles et plus importantes caves du Var.
Mon père, très impliqué dans les démarches administratives de la cave, avait noué des liens avec les viticulteurs de Seillons. L’idée de fusionner s’est imposée pour garantir un avenir à la viticulture locale. Et ça a été une bonne décision.
La fusion avec Seillons a-t-elle été une étape nécessaire pour la survie de l’activité ?
Oui, clairement. Elle a permis de faire un vrai saut en avant en termes de qualité, d’ouvrir des portes sur de nouveaux marchés et de sortir d’une logique de quantité.
À l’époque, il y avait parfois un excès de production, sans réelle réflexion sur les cépages. Aujourd’hui, les choses ont changé.
Sans cette fusion, il n’y aurait peut-être plus ni vignes, ni caveaux ici. On aurait tout perdu, ou bien il aurait fallu vendre.
La fusion a permis de pérenniser la coopération. Et c’est essentiel. On est avant tout des coopérateurs. Ce sont nos racines.
La coopération, c’est vraiment notre force.
Depuis la reprise d’exploitation, comment celle-ci a-t-elle évolué ?
J’ai augmenté la surface de presque 4 hectares en vigne.
Aujourd’hui, ça fonctionne bien, même si j’aimerais parfois prendre plus de temps pour certaines parcelles, pour les chouchouter comme je voudrais.
Mets-tu en place des pratiques durables ou innovantes dans ton travail ?
Je m’adapte. On est en HVE (Haute Valeur Environnementale). Alors, il faut innover. Pour ça, on utilise moins de produits, on fait évoluer nos pratiques pour coller au cahier des charges.
Pour les innovations, ça se fait, ça se réfléchit, mais souvent c’est à un coût un peu plus élevé.
Les récompenses s’enchaînent pour les cuvées de la Cave Saint André. La coopération a-t-elle de beaux jours devant elle ?
Oui, bien sûr. Il faut savoir se féliciter collectivement pour la qualité de notre travail.
C’est encore trop courant d’entendre que les coopératives, c’est du volume. Pourtant, les médailles qu’on décroche prouvent le contraire.
Aujourd’hui, grâce à la rigueur de chacun et à l’entente avec le caviste, on vendange des raisins à pleine maturité, comme dans un domaine privé.
On est tout à fait à la hauteur en termes de qualité, et ça se voit dans les récompenses obtenues.
Une cave coopérative comme la Cave Saint André n’a rien à envier à d’autres. On est dans les clous, dans le marché du vin, et on peut en être fiers.
Pour finir, une cuvée à recommander de la Cave Saint André ?
Comme je suis en IGP, c’est évidemment la qualité des IGP qu’on arrive à produire qui me tient à cœur. Le rapport qualité/prix est vraiment difficile à battre.
Après, c’est une affaire de goûts. Il faut prendre le temps de déguster, de comparer, et de choisir la cuvée qui correspond le mieux à ce qu’on aime.
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